Dans la capitale économique, il n'est pas un "maquis", restaurant populaire ivoirien où l'on se réunit entre amis pour boire, manger et danser, qui n'offre des escargots, préparés en brochettes, ou bien en sauce graine, gombo, arachide, accompagnés d'attiéké (semoule de manioc) ou d'alloko (bananes plantin frites).
Les escargots ivoiriens n'ont pas grand chose à voir avec ceux consommés en France, les célèbres escargots de Bourgogne.
Ils sont au moins cinq fois plus gros, et il est hors de question d'en avaler un d'une seule traite, au risque de s'étouffer. Leur chair est ferme sans être dure, et ils ont un goût légèrement sucré qui se marie bien avec une sauce pimentée, arrosés d'une bière.
L'idée de célébrer ces impressionants mollusques qui font partie du quotidien culinaire de la Côte d'Ivoire, revient au "Léon Zitrone" ivoirien Georges Benson, 60 ans, célèbre animateur de radio et de télévision devenu producteur de spectacles.
"C'est le Président de la République qui m'a demandé de trouver quelque chose pour développer le village d'Ahoué", affirme George Benson.
Ahoué et ses quelque 4.000 habitants n'a toujours pas l'eau courante, bien qu'il soit situé à seulement une dizaine de kilomètres au nord-est d'Abidjan et dispose de deux petits lacs artificiels creusés pour l'exploitation des graviers, aujourd'hui abandonnée.
Benson, formé au début des années 60 à Paris où il a cotoyé des stars de la TV française d'alors comme Léon Zitrone, a tout de suite pensé y créer un festival de l'escargot, en raison des blagues qui circulent sur les habitants de ce village, des Akyé, sous-groupe de l'ethnie Akan.
"On dit que les Akyé tuent les escargots avec des fusils de chasse, bien sûr c'est faux, c'est une blague sur le mode de celles des Français à l'égard des Belges", explique-t-il, rappelant que les escargots se ramassent en forêt ou bien se reproduisent dans des élevages mis en place par l'Agence Nationale d'Appui au Développement Rural (ANADER).
La première édition, en 2005, a été un succès: près de 4.000 visiteurs en quatre jours, venus déguster les escargots préparés de différentes façons par les femmes du village, sur un site d'environ trois hectares que Benson est en train d'aménager pour en faire un lieu de loisirs ouvert toute l'année.
Les recettes des festivals 2005 et 2006 doivent essentiellement être utilisées pour, enfin, faire venir l'eau courante à Ahoué.
Mais le festival, qui est aussi l'occasion d'aller au bal et d'élire une "Miss escargot", dépasse les limites du site où il est organisé: partout dans le village, étals et "maquis" proposent leurs propres recettes et des artistes ont transformé les imposantes coquilles au grè de leur imagination.
L'escargot au service du développement d'un village de Côte d'Ivoire pauvre et assoupi ? L'idée pouvait paraître saugrenue et pourtant, les centaines de visiteurs qui cette année encore se sont rendus à Ahoué, semblent prouver que Georges Benson est sur le point de gagner son pari.
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