La bonne foi n’a jamais été la chose la mieux partagée.
C’est connu. Un journal de la place rapportait il y a peu qu’une candidate au
Baccalauréat cette année n’a rien trouvé de mieux à faire que cacher un
téléphone portable dans son slip. Malheureusement pour elle, l’appareil a été
découvert par les examinateurs et certains curieux qui assistaient à la scène
n’ont pas hésités à la filmer avec leur téléphone portable. Résultat :
notre candidate s’est évanouie de honte. Mon propre neveu, candidat à un
concours administratif m’expliquait l’autre jour que des examinateurs avaient
mis sur pied un « réseau » où ils prenaient de l’argent à des
candidats pour ensuite retrouver leurs copies pendant les corrections et leur
attribuer les notes qui leur permettraient d’être admis.
Et pourtant au lancement des examens à grand tirage cette
année, le gouvernement avait produit une déclaration par la voix de Madame la
Ministre de l’éducation nationale. Elle avait particulièrement insisté à cette
occasion sur la nécessité pour les acteurs du système éducatif d’organiser des
examens propres. C’est que la fraude est si ancrée dans les mœurs qu’elle est
en passe de devenir la norme. Les « prix » des différents concours
sont connus de tous comme de la vulgaire marchandise sur le marché. C’est donc
tout naturellement que l’on vous demande ce que vous avez payé ou qui vous a
aidé lorsque vous êtes admis à un concours aujourd’hui. Cette situation démoralise les candidats honnêtes,
défavorise les candidats pauvres et entache la crédibilité de nos diplômes. Pour
mettre fin à la fraude avant, pendant et après les examens, la Société
Nationale des Examens et concours (SONEC) propose une solution informatique.
Gnon Laurent et le système SONEC
La SONEC est une entreprise privée. Son Directeur Général
est Gnon Laurent, un ingénieur informaticien. Il a présenté le 1er
Septembre dernier à l’immeuble Versus Bank à Abidjan une solution innovante et
à la pointe des nouvelles technologies qui permettra, selon ses propres dires, de
garantir l’intégrité et la sécurité des résultats aux différents examens et
concours. Son système se compose d’un logiciel, de scanners professionnels, et
de fiches de composition. Chaque fiche de composition a trois volets : un
volet candidat(A), un volet correcteur (B) et un talon (C). Sur chacun de ces
volets figurent des codes définis par un algorithme très complexe qui ne peut
être lu que par le logiciel. Le jour de l’examen les candidats remplissent le
volet candidat. Ce volet est ensuite détaché de la fiche de composition, scanné
et lu automatiquement par le logiciel. Il ne reste plus que des fiches de
composition anonymes sur lesquelles les candidats écrivent. A la fin des
épreuves, ces fiches de composition seront également scannées. Les correcteurs
ont accès aux copies via internet et les corrigent à distance sur un écran
d’ordinateur. Les notes reportées sur le volet correcteur sont également
scannées et lues par le logiciel. Avec cette séparation des trois volets, il
est pratiquement impossible de retrouver une copie et de falsifier des réponses
ou des notes pendant la correction. Ce n’est qu’à la phase du traitement des
résultats que le nom du candidat sera lié au code du volet candidat, et la
note, liée au code du volet correcteur. Ces deux codes étant liés par un algorithme complexe il ne reste plus au logiciel qu’à lier le
nom du candidat à sa note. On fera de même pour chaque matière puis on
demandera au logiciel d’afficher les résultats. A ce niveau il n’y a qu’une
seule personne, le super administrateur, qui peut entrer son mot de passe et
donner l’ordre au logiciel qui affiche la liste des admis par ordre de mérite
avec leurs notes et leurs moyennes.
Les avantages du système
L’intervention
humaine est limitée au strict minimum comme on peut voir. L’autre avantage de ce
système est sa rapidité car les scanners utilisés permettent de traiter 30
volets par minute. Ce qui signifie qu’un concours de 15000 candidats avec 4
matières différentes peut être traité en moins de 5 jours. De plus, les volets
scannés sont enregistrés dans le logiciel, ce qui permet un contrôle à chaque
étape, même après la proclamation des résultats. Les candidats et leurs
familles sont ainsi rassurés, de même que les organisateurs du concours.
Est-ce suffisant?
Il aurait pu rester en Europe avec ses diplômes et y gagner
correctement sa vie. Mais Gnon Laurent a préféré rentrer au pays pour mettre
ses compétences au service de son peuple en proposant au gouvernement une
solution fiable et à moindre coût pour organiser les examens et concours. Mais
un système informatique, quel que soit son degré de sophistication et de
perfection ne peut à lui tout seul permettre de juguler la fraude, surtout si il
est administré par des hommes. Et donc, en plus du de ce système, c’est d’une
véritable cure morale dont les ivoiriens ont besoin en ce moment. Car la
fraude, tout comme la guerre nait dans les esprits des hommes et c’est en ce
lieu qu’il faut la combattre.
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