Les
ivoiriens et la grammaire, c’est toute une histoire. Aussi bien dans les rues
que dans les discours officiels, l’ivoirien tombe quotidiennement dans les
nombreux pièges dont regorge la langue française. Cet article recense seulement un petit
nombre d'erreurs très fréquemment entendues dans les rues d’Abidjan. Mais il
explique surtout comment les éviter.
1 - (Les) Un an de plus
Les
ivoiriens et la grammaire, c’est toute une histoire. Aussi bien dans les rues
que dans les discours officiels, l’ivoirien tombe quotidiennement dans les
nombreux pièges dont regorge la langue française. Cet article recense seulement un petit
nombre d'erreurs très fréquemment entendues dans les rues d’Abidjan. Mais il
explique surtout comment les éviter.
1 - (Les) Un an de plus
C’est
l’anniversaire de votre meilleur ami(e) ou même de votre chéri(e). Vous avez
rédigé un gentil message que vous
lui lirez avec émotion. Seulement dès
l’entame de votre message, son visage se fronce, et vous ne comprenez pas
pourquoi. Analysons votre texte :
«Afin de t’exprimer toute l’importance que tu occupes dans mon cœur, je t’ai préparé un gentil message pour tes 1 an(s ?) de plus».
«Afin de t’exprimer toute l’importance que tu occupes dans mon cœur, je t’ai préparé un gentil message pour tes 1 an(s ?) de plus».
C’est à croire
que vous voulez le/la voir vieillir plus vite que la normale. Sinon pourquoi
fêter plusieurs années de plus pour un seul et même anniversaire? Moi-même je
n’aurais pas pu suivre le reste du message, aussi beau fût-il. Je préfère
mieux pour cette année
de plus.
2
- Gente féminine
La gent est un nom commun féminin qui signifie la population ou le peuple. Il n'y a
donc aucun besoin de lui ajouter un e final (qui est une faute). On écrit donc la gent masculine et la gent
féminine. Attention, le t final ne se prononce pas. Pluriel : « les gens
». Exemple : « Bonnes gens ! », « Les petites gens. »
Origine de la confusion: gentes dames est utilisé dans de nombreux textes
anciens, gente étant ici un adjectif, simple synonyme de gentille (la racine en
est identique) et désignant d'agréables interlocutrices.
3 - Formenter
Ce verbe,
qui signifie tramer, ne
prend pas de r après l’o. Inutile
donc de faire vibrer la langue ou de grasseyer (chôcô) en prononçant le verbe fomenter au risque de paraître ridicule. Exemple: des assaillants sont en train de fomenter un coup.
4 - Au jour d’aujourd’hui
C’est un
pléonasme qui prolifère de plus en plus dans la bouche des ivoiriens. Le mot aujourd'hui contient deux fois le mot jour car l'ancien français hui n'était autre, en effet, qu'un synonyme du latin hodie, « ce
jour (hoc die) ».
Il se
trouvera certes quelques avocats pour trouver à l’expression au jour d'aujourd'hui des circonstances atténuantes ; pour
plaider l'ironie, invoquer la redondance expressive. Mais mieux vaut pourtant
réserver ce tour d'une rare lourdeur au registre populaire et s'en abstenir
soigneusement dans la langue soutenue car vous avez là deux pléonasmes pour le
prix d'un seul (lool). Il vaut mieux utiliser aujourd'hui ou à ce jour , qui sonnent mieux et sont moins redondants.
5 - Ceci étant dit
C’est une
faute qu’on entend très souvent sur les antennes de la RTI et dans certains
discours officiels. Et pourtant la plupart
des grammairiens considèrent que ceci étant
dit est mal
formulé et qu'il vaut mieux dire cela dit / ceci dit selon le contexte : en français, cela reprend ce qui a été dit alors que ceci annonce ce qui va être dit. Cela dit peut donc s'employer pour résumer ce qui vient
d'être dit avant que ne soit apportée une restriction à cet énoncé. Exemple : Elle pourra
prendre ses vacances comme je le lui ai promis; cela dit, elle devra
être présente au bureau pour la rédaction du rapport annuel. Cette locution est
logiquement préférable à ceci dit, qui est
moins fréquente mais tout de même admise.
6 - Cinquantenaire / quarantenaire
Ces deux
mots ne peuvent pas s’utiliser pour parler d’une personne agée. Les termes
« quarantenaire » et « cinquantenaire » s’appliquent à
l’anniversaire d’un événement. Par exemple le
cinquantenaire de Fraternité Matin. Pour des personnes, on dira quadragénaire ou quinquagénaire. Et si vous
avez peur de vous tromper, dites simplement personne d’âge
mûr.
7- Se rappeler de
Le verbe se rappeler est transitif direct. On dira donc je me rappelle bien
cette époque. L'emploi (incorrect) de la préposition de est probablement une confusion avec le verbe
« se souvenir » : je me souviens de cette époque. De même on
dira ça me rappelle le
match Asec– Kôtôkô et non ça me fait rappeler
Asec–Kôtôkô.
8 - Souffrez de
Souffrir de c’est être affecté par (une maladie ou une situation difficile).
On souffre par exemple d’une maladie ou de l’absence d’un être cher.
Souffrir que signifie permettre,
consentir que. Il est normalement suivi du subjonctif. Souffrez que je vous fasse une remarque, que je
vous dise la vérité, que je vous parle assis; souffrez que je me justifie. Souffrir, employé dans ce registre soutenu ou
ironique ne doit pas s’accompagner de la préposition de comme on l’entend dans de nombreuses chansons
très en vogue : Souffrez de
ma mélodie, souffrez de
mon talent.
9- C’est naissance
Cette
expression est très en vogue en côte d’ivoire depuis qu’elle a été utilisée
dans une chanson a succès par Petit dénis, un artiste populaire en Côte
d'Ivoire. Les nombreux fans de cette icône du Zouglou seront certainement très
déçus d’apprendre que c’est
naissance est du pur
argot ivoirien et qu’il faut lui préferer c’est inné .
10 - C'est de ma faute !
S’il y avait
un oscar à décerner, c’est sur ce « candidat » que tous les Spotlights se
dirigeraient. Ne dites pas : c'est de ma faute. Surtout si d'aventure un
autre de suit : C'est de la faute de votre père serait, chacun en conviendra,
d'une insigne lourdeur. Ce de n'a aucune fonction grammaticale. C'est ma faute est amplement suffisant.
Vous
connaissez d’autres fautes fréquentes dans le langage ivoirien ? N'hésitez
pas à ajouter vos trouvailles !
Il y a également l'expression LE CLUB DES PETITS en référence aux dessins animés. Le club des petits était le nom trouvé par la RTI au milieu des années 90 pour désigner le temps d'antenne consacré aux dessins animés. Il s'agissait de séries animées diffusées du lundi au vendredi dès 19h, une heure où les enfants (que nous étions à l'époque) se retrouvaient devant la télévison, d'où le terme CLUB. Depuis lors, les ivoiriens issus de cette jeune génération d'antant ont tous assimilé le CLUB DES PETITS à toute animation télévisuelle et ont malheureusement transmis cette appellation aux générations cadettes.
RépondreSupprimerTout à fait! Il faut dire "dessin animé" et non "Club des petits". Merci pour l'ajout.
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